Commentaire sur le budget fédéral du Réseau Action Climat

Le budget 2024 est loin de dépenser ce qu’il faut pour faire face à la crise climatique et continue de laisser les grands pollueurs s’en tirer à bon compte. Alors même que les Canadien.ne.s sont confronté.e.s à des impacts climatiques de plus en plus nombreux et coûteux, le budget manque l’occasion d’augmenter considérablement les investissements dont nous avons besoin dans l’action climatique et l’abordabilité.

Entre-temps, le gouvernement fédéral a accordé un soutien financier de plus de 18 milliards de dollars aux entreprises de combustibles fossiles en 2023, investissant l’argent des contribuables dans des actifs qui seront bientôt échoués. Si le budget présenté aujourd’hui prévoit des hausses d’impôts pour les Canadiens les plus riches et certaines entreprises, il ne prévoit pas d’impôt sur les bénéfices exceptionnels des compagnies pétrolières et gazières – une mesure fortement soutenue par les Canadiens, qui aurait permis de récolter au moins 4,2 milliards de dollars sur cinq ans. Les médias ont rapporté aujourd’hui que la ministre Freeland avait cédé aux pressions des dirigeant.e.s des compagnies pétrolières et gazières et abandonné l’idée.

Le monde est confronté à une aggravation de la violence et à des crises chevauchant avec la dévastation climatique – de Gaza à Haïti en passant par le Soudan et le Yémen – et les pays se préparent à négocier un nouvel objectif collectif de financement du climat cette année. Il est donc plus que jamais nécessaire que le Canada intensifie son soutien et sa solidarité internationale plutôt qu’il recule. Les nouveaux fonds humanitaires prévus dans le budget sont bienvenus et indispensables, même s’ils font pâle figure face aux nouvelles dépenses en matière de défense.

Et alors que les sirènes de l’austérité continuent de soulever des questions sur la taille appropriée du gouvernement, le Réseau Action Climat Canada rappelle que pour s’attaquer à la crise climatique à l’échelle et la rapidité nécessaire, il faudra augmenter de manière significative les ressources pour la capacité du service public et les programmes.

Analyse complémentaire :

Selon le Centre canadien de politiques alternatives, les nouvelles dépenses en matière de climat ont considérablement diminué par rapport aux budgets précédents, avec seulement 2 milliards de dollars de nouvelles dépenses nettes en matière de climat au cours des cinq prochaines années.
Les rénovations écoénergétiques et les thermopompes sont des solutions gagnantes pour les Canadiens, qui peuvent ainsi réduire leurs factures, améliorer leur qualité de vie et réduire leurs émissions. Bien que le programme d’efficacité énergétique pour les habitations représente un changement positif pour soutenir les Canadien.ne.s à revenu faible ou moyen, le financement total de 800 millions de dollars représente une diminution du financement fédéral total pour les rénovations écoénergétiques de bâtiments.
L’annonce d’une Brigade jeunesse pour le climat, bien que non financée, pourrait favoriser la création de bons emplois pour les jeunes, en leur permettant d’acquérir des compétences et de l’expérience de travail, tout en comblant les pénuries de main-d’œuvre pressantes dans la transition vers l’économie verte. Un programme semblable lancé l’année dernière aux États-Unis s’est avéré très fructueux, et le président Biden a récemment décidé de l’étendre. CAN-Rac continuera à faire pression pour obtenir l’assurance que ces emplois seront équitablement rémunérés, qu’ils respecteront les droits des travailleur.euse.s et qu’ils contribueront de manière significative au développement des compétences des jeunes.
Le budget 2024 réitère l’engagement du ministère des Finances à publier un plan pour éliminer progressivement le financement public du secteur des combustibles fossiles, y compris par les sociétés d’État fédérales telles que Exportation et développement Canada, d’ici l’automne 2024.
Le budget promet 350 millions de dollars sur deux ans en financement supplémentaire pour l’enveloppe d’aide internationale (EAI), signalant un effort important pour faire face aux crises et aux conflits les plus dévastateurs dans le monde.
En outre, le Canada doit débloquer les fonds qu’il a déjà alloués à l’action climatique. Un récent rapport de Corporate Knights fait état d’un déficit de 30%, soit plus de 14 milliards de dollars, entre les engagements pris par le Canada et les investissements réalisés au cours de la dernière décennie.
Bien qu’il ne s’agisse pas d’un nouveau financement, la nouvelle Remise canadienne sur le carbone pour les petites entreprises apportera un soutien indispensable pour mettre sur un pied d’égalité les grands émetteurs et les petites entreprises dans le cadre de la transition hors des combustibles fossiles chers et volatils.
Pour en savoir plus sur les recommandations du Réseau Action Climat Canada pour le budget 2024.

Caroline Brouillette, directrice générale, Réseau action climat Canada:

« Le budget 2024 prend plusieurs mesures qui sont bienvenues: des liens entre des investissements climatiques et pour le logement abordable, la mise en place d’une Brigade jeunesse pour le climat et de nouveaux financements humanitaires internationaux. Mais soyons réalistes : pour faire face aux crises convergentes auxquelles nous sommes collectivement confronté.e.s, il faut augmenter massivement les ressources consacrées aux solutions et réduire les investissements consacrés au problème – ce que le budget 2024 ne fait pas. Le budget d’aujourd’hui montre plutôt qu’il y a deux poids, deux mesures lorsqu’il s’agit de faire des économies : il sous-finance l’action climatique tout en continuant à dépenser des milliards pour soutenir l’industrie des énergies fossiles et en cédant le terrain sur l’impôt sur les bénéfices exceptionnels.

La ministre Freeland doit améliorer son jeu pour protéger la population contre l’aggravation des inondations, des incendies, des sécheresses et des tempêtes – ainsi que contre l’influence néfaste de l’industrie des énergies fossiles sur notre démocratie. »

Anne-Céline Guyon, analyste climat – énergie, Nature Québec:

« Ce budget reflète encore une fois la trop grande emprise des pétrolières et gazières sur le gouvernement fédéral et manque une occasion en or de mettre le secteur des énergies fossiles face à sa responsabilité dans la crise climatique en taxant leurs super profits. Au contraire, le gouvernement fait plutôt le choix de se priver de revenus essentiels pour mettre en œuvre des solutions tout en réduisant les impacts sur le coût de la vie pour les plus vulnérables. Pendant ce temps-là, l’industrie, elle, se frotte les mains. Elle va pouvoir continuer à polluer impunément, dévastant nos milieux de vie et notre santé, qui plus est à nos frais, alors même qu’elle s’applique à ralentir systématiquement l’action climatique par une opposition constante à la réglementation comme pour le plafonnement des émissions du secteur dont a pourtant urgemment besoin. »

Salomé Sané, responsable de la campagne climat de Greenpeace Canada:

« Avec l’augmentation du coût de la vie et des événements météorologiques extrêmes, investir dans l’action climatique est essentiel pour assurer l’abordabilité à long terme. Bien que nous saluions le nouveau programme canadien pour des logements abordables plus verts comme un pas important dans cette direction, le gouvernement a manqué une occasion de taxer les profits excédentaires de l’industrie des combustibles fossiles, avec comme résultante des prix de l’énergie plus élevés qui augmentent les coûts pour la population. »

Thomas Green, conseiller principal en matière de politiques climatiques à la Fondation David Suzuki:

« Le budget d’aujourd’hui, prônant l’équité, a manqué une occasion majeure de tenir l’industrie des combustibles fossiles pour responsable des coûts intergénérationnels des changements climatiques. Le Canada devrait taxer les bénéfices excédentaires des compagnies pétrolières et gazières, comme le font de nombreux autres pays. Les recettes pourraient aider à financer des investissements essentiels dans des solutions pour le climat et la nature, comme les transports en commun et la rénovation des bâtiments, qui réduisent le coût de la vie et contribuent à la protection de l’environnement. »

Andréanne Brazeau, analyste des politiques climatiques pour Équiterre:

«Si tout coûte plus cher, c’est entre autres à cause de la crise climatique. Dans ce budget, le gouvernement souligne à gros traits l’immense impact du dérèglement climatique sur les enjeux d’abordabilité, mais les mesures mises en place pour s’y attaquer manquent globalement de vigueur. Quand une sécheresse détruit nos récoltes, ça affecte le coût du panier d’épicerie. Quand un feu de forêt nuit à la qualité de l’air, ça nous coûte cher sur le plan de la santé. Ce ne sont pas les exemples qui manquent. »

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Union Nationale des Fermiers

Agroécologie : Développer l’agriculture durable dans une planète en polycrise
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— Jeudi, le 11 avril 2024 —

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L’orateur

Miguel A Altieri figure de proue de l’agroécologie, est titulaire d’un doctorat en entomologie de l’université de Floride. Il a été professeur d’agroécologie à l’université de Berkeley pendant 37 ans et est aujourd’hui professeur émérite. M. Altieri a mené des recherches approfondies et promu l’agroécologie en Californie et en Amérique latine, en étroite collaboration avec les agriculteurs. Il a conseillé des organisations telles que CLADES Chili et le Programme de mise en réseau et de vulgarisation de l’agriculture durable du PNUD. M. Altieri a reçu de nombreuses distinctions, notamment des doctorats honorifiques et une intronisation dans le « Earth Hall of Fame ». Il est l’auteur de plus de 250 articles scientifiques et de 40 ouvrages sur l’agroécologie. M. Altieri codirige actuellement « Centro LatinoAmericano de Investigaciones Agroecologicas » (CELIA) et dirige un projet agroécologique en Colombie avec son épouse. Il continue d’enseigner dans diverses universités à travers le monde.